DÉCLARATION D'ABSENCE
Un voyage en chemin de fer, au siècle dernier, dans les années 1970, quand il y avait encore des pays socialistes et déjà plus d'illusions.
Description d'une mémoire éclatée et devant elle : rien. L'avenir ? quel avenir quand vous voilà tout englué dans votre passé décomposé. Seule une histoire d'amour vous retiendrait la tête hors de l'eau. Amour d'une femme ? D'une idée ? Allez savoir quand on se réveille au fond d'une poubelle de l'Histoire.
(Coédité avec les éditions Neige, Suisse)
Chronique de Jean-Marc Stricker, le 2 septembre 2004 à France Inter :
« Jean Mailland, ce nom ne vous dit peut-être rien, ce touche-à-tout, metteur en scène, écrivain, a notamment été le parolier exclusif de la chanteuse Anna Prucnal qu'il a connue en 1965 à Berlin-Est. Il raconte aujourd'hui cette rencontre et la vie de part et d'autre du rideau de fer dans un livre intitulé Déclaration d'absence, un ouvrage que vous nous conseillez, Jean-Marc Stricker.
? Oui, car il arrive à chacun, un jour ou l'autre, ce moment dans l'existence où l'on n'a plus devant soi que du passé et rien à venir. C'est là, exactement, qu'en est ce Jacques Favart qui parle à la première personne dans le roman de Jean Mailland, le premier étant en partie le porte parole du second.
Ça commence un jour de 1975 dans un train qui va à Angoulême, ou ailleurs, ou nulle part, car la mémoire des voyageurs va plus vite que le train. Les souvenirs reviennent en vrac, mais pas dans le désordre, plutôt par association d'idées et d'images ; avec un leitmotiv : le nombre 17.
?On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans?, écrivit Rimbaud à trois semaines de les avoir. A quarante-quatre ans, en 1975, Jacques Favart a déjà reproduit la chute rimbaldienne : de la poésie à la finance, de l'utopie à l'entreprise. Devenu ?sérieux?, il est ?ingénieur conseil en formation professionnelle d'entrepreneur?. Son parcours est un fidèle reflet de ces décennies durant lesquelles le rideau de fer s'est rouillé peu à peu. Côté Ouest : on embourgeoisait les contestataires, on flétrissait l'utopie socialiste ; côté Est : on galvaudait, on embrigadait, on trahissait la philosophie marxiste. Dans ce monde de désillusions, ne reste plus à Jacques Favart que sa compagne polonaise, ramenée jadis de l'autre côté du Mur. Ce Mur dont la chute devait révéler un champ de ruines : ruine bourgeoise à l'Ouest, mafieuse à l'Est.
Et Jacques Favart, le pauvre, n'a pas la chance de son auteur ; poète et parolier, Jean Mailland a gardé le meilleur de ses dix-sept ans? un monde poétique qu'on peut lire dansChansons (et contre-chansons) pour Anna? Anna Prucnal bien sûr. » Jean-Marc Stricker