ESTHÉTIQUE DU MACHINISME AGRICOLE de Pierre Bergounioux Ed. Le Cadran Ligné
Esthétique du machinisme agricole
de Pierre Bergounioux
suivi de Petit danseur
de Pierre Michon
Editions Le Cadran Ligné
2016
« (…) Pierre Bergounioux brosse à grands traits l’histoire de la relation entre les productions artistiques et les rapports d’exploitation, puis retrace la lente disparition de la société agraire — même si le mot est toujours employé, souvent de façon démagogique, il n’y a plus au début du troisième millénaire de paysans. De là l’abandon de l’outillage traditionnel « en bordure du champ qu’on allait rendre à l’ajonc, aux genêts, aux fougères qui poussaient, à l’origine, et qui reviennent, à la fin. Avec l’industrialisation de l’agriculture et, parallèlement, celle de la plupart des activités autrefois artisanales, la plus grande partie de l’outillage traditionnel, quand elle n’est pas vouée à l’oubli ou livrée à la casse, devient objet de décoration, récupérée dans une ferme — une charrette à un rond-point, une charrue sur une pelouse — ou vendue dans les vide greniers — rabots, varlopes, gouges, etc. C’est surtout dans le « chaos métallique » de la casse que Pierre Bergounioux choisit ses matériaux, et c’est « un commerce avec le fer, un combat avec le fer », comme l’écrit Pierre Michon, qui aboutit à re-présenter autrement certains moments du monde.
Le Petit danseur est la première des 16 images reproduites. Le danseur de fer, offert un jour à Pierre Michon, a été placé sur un remblai, tout près d’une maison ruinée ; pris progressivement dans les ronces, il connaît ainsi le sort des anciennes machines agricoles. Peut-il sortir de l’oubli ? « Un jour peut-être, quand j’aurai appris l’usage de la débroussailleuse et celui de ma vie, je le libèrerai des ronces, il reverra la lumière. Nous reverrons la lumière, lui et moi. »