Périphérique mon amour ou Comment rendre hommage au boulevard le plus emprunté d'Europe De J. Lurati et B. Charnay
Périphérique mon amour / Fil conducteur
livre en français
2013
Jacques LURATI & Bernadette CHARNAY
154 pages, format 31cm x 28cm
Périphérique mon amour
ou Comment rendre hommage au boulevard le plus emprunté d'Europe
De Jacques Lurati et Bernadette Charnay
9791090084070
Ed. du fil conducteur
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La périphérie de Paris a été, jusqu'au XIXe siècle, une frontière défensive de la Capitale qui s'est agrandie proportionnellement à la taille de la cité. Les remparts des fermiers généraux ont été remplacés, après l'agrandissement de Paris, par l'enceinte de Thiers, qui va former les dernières fortifications en date, dont l'ultime utilisation concrète remonte au siège de 1871. Pourtant, dès le milieu du XIXe siècle, l'idée de faire un axe de circulation «périphérique» a germé dans les esprits. Le premier projet d'un chemin de fer circulaire est né dès le règne de Louis-Philippe. La fameuse «Petite Ceinture», ancêtre du boulevard périphérique à l'époque où l'automobile n'existait pas encore, va être à l'origine de l'idée d'un axe circulaire qui permet le transit des voyageurs qui n'ont d'ailleurs pas forcément besoin de pénétrer dans le coeur de Paris.
L'abandon des fortifications et la construction d'habitations anarchiques aboutiront à ce que l'on nommait «la zone», officiellement non-constructible, habitée par les 30.000 «zonards», origine primitive de ce terme qui sera utilisé longtemps et souvent à tort, même bien après la création du boulevard périphérique. L'idée du «périph'» pour dédoubler les boulevards des Maréchaux est proposée dès 1925 par le journaliste automobile Louis Baudry de Saunier. Mais c'est le plan d'urbanisation de 1943 qui laisse une première trace officielle. Il faudra attendre 1954 pour que le projet refasse surface et 1956 pour le début du chantier. La première portion (porte de Châtillon-porte d'Italie) est ouverte en 1960 et la boucle est bouclée en 1973 avec la mise en service du dernier tronçon (porte Dauphine-porte d'Asnières) pour former cet axe majeur dont on ne pourrait plus se passer aujourd'hui.
Toutes les routes nationales qui partaient des portes de Paris sont bien évidemment reliées au périphérique, à commencer par la fameuse Nationale 7, qui sera la première à bénéficier de ce raccordement dès l'ouverture du premier tronçon en 1960.
Dès 1975, une brigade de Police spécialisée est crée : la SCP. Ses 170 agents effectuent plus de 5000 interventions par an, 24 h sur 24... Plus de 250 caméras de surveillance, plus de 160 bornes d'appel et une dizaine de radars fixes sont installés tout le long de son parcours, secondés désormais par des radars «tronçons». Enfin depuis la fin des années 1990, un progrès formidable pour l'information : plus de 300 panneaux à messages variables en temps réel, grâce à des milliers de capteurs installés sous la chaussée.
Mais a-t-on conscience que les parisiens ne constituent qu'un quart des usagers du boulevard périphérique ? Les trois quarts sont ceux qui viennent de l'extérieur. De la vingtaine de communes limitrophes, bien sûr, mais également d'un peu partout en Île-de-France, voire de beaucoup plus loin !
Aujourd'hui, 150.000 riverains vivent le long du périphérique, ainsi qu'un nombre important de grandes entreprises qui sont, par le choix de cet emplacement, particulièrement visibles. Le périph' se couvre progressivement, déjà plus d'un tiers est réalisé, et se «végétalise» également. Après les 7.500 m2 de jardin de la porte de Vanves, c'est une véritable forêt qui prend forme entre la porte de la Chapelle et la porte de la Villette avec près de 12.000 m2 pour arriver à maturité vers 2030... et renforcer les 80 hectares de verdure qui le bordent déjà !
Il a coûté l'équivalent de 2,5 milliards d'euros d'aujourd'hui, il relie 36 portes de Paris, 5 autoroutes majeures, 40 % sont en tranchée, 10 % en terrain naturel et 50 % en élévation, ce qui a demandé des ouvrages d'art impressionnants comme les viaducs d'Issy-les-Moulineaux, Bercy, Masséna et Austerlitz ou des coordinations architecturales d'envergure, comme la construction du Parc des Princes en même temps que le creusement de la tranchée du périphérique à son aplomb.
Si le parcours théorique est d'un peu plus d'une demi-heure en respectant la limite de vitesse pour parcourir ses 35,04 km, la vitesse moyenne réelle est divisée par deux (et encore, quand il n'est pas bouché, ce qui est rare !) et pourtant cette «autoroute urbaine» qui est la plus fréquentée d'Europe reste la meilleure parade possible pour désengorger la Capitale. Le risque d'accident y serait inférieur à 0,2 % et il y a en moyenne moins de 5 accidents corporels par jour, généralement des deux roues, beaucoup plus exposés, alors qu'il y a 1.300.000 véhicules qui l'empruntent quotidiennement... Le périph' a même fait des petits : l'A 104 avec les années 1980 et l'A 86 avec les années 1990.
C'est le lieu de toutes les joies et de toutes les peines. Certains y Perdent la vie, d'autres y naissent, comme au 1er décembre 2012, lorsqu'une petite fille voit le jour dans une voiture sur les voies près de la porte de Bagnolet.
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livre en français
2013
Jacques LURATI & Bernadette CHARNAY
154 pages, format 31cm x 28cm
Petite histoire du périphérique